1 septembre 2013

Sur la piste des chevaux !

4 jours que nous avons quitté Ulaan Bataar et ses supermarchés, ses restaurants cosmopolites, ses jeunes filles en mini-jupes et talons aiguilles, 4 jours à filer sur une des rare route asphaltée de Mongolie, direction plein ouest. Pas possible de rejoindre la frontière russe en ligne directe, plein nord.... il nous faut "sentir" et "vivre" la steppe mongole et ses immensités.... et ses pistes aussi et on part en zigzag !

Ici aussi, la route, tout en "montagnes russes" se profile loin devant nous, traçant une ligne souvent bien droite au milieu de la steppe. Ici un troupeau de chevaux cherchant l'ombre en plein milieu de la route, là au loin, tache blanche au milieu du vert tendre, une ger... une dame récolte les têtes d'une plante en bord de route ressemblant à des orties... elle nous offre un bocal de yaourt (fait maison), plus loin, nous dérangeons un vautour en plein repas autour d'une carcasse de vache, il s'envole juste devant nous... énorme, magnifique !


Immensité !!!! Sur ces longues routes souvent bien droites, l'esprit a le temps de s'évader et l'on pense à tous les proches que nous avons quitté il y a près de 17 mois... on sent le retour approcher !

ciel d'orage
Retour à la réalité, au loin, l'orage menace, le ciel devient bien noir et semble bientôt nous tomber sur la tête, nous avons appris à ne plus attendre, nous nous dirigeons vers une ger avant la "douche". En attendant l'éclaircie, invitation sous la ger, observer les règles strictes qui régissent la vie dans la yourte : s'asseoir à gauche du poele (qui se trouve au milieu) sur les petits tabourets, ne pas marcher sur le bâti de la porte et ne pas s'y cogner (et c'est loupé pour moi, la porte est bien trop basse), ne pas s'asseoir au milieu (réservé au chef de famille), tourner autour du poele dans le sens des aiguilles d'une montre pour ressortir de la ger.... On se régale de pain, crème, tchai (thé au lait), d'aarschy (fromage sec mongole).
aarschy qui sèche sur la ger

Trop tard pour repartir, nous plantons notre tente à côté de la ger, parmi vaches, chèvres et chevaux.
Dès 6 heures du matin, rassemblement des juments et poulains, séparation des poulains de leurs mères par les hommes (et c'est plutôt sportif avec les moyens du bord). Ensuite chaque poulain est amené à sa mère pour amorcer le lait, pour ensuite passer à la traite (effectuée toujours par les femmes). Le lait sera transformé en airag. Idem pour les vaches.
le ciel va bientôt nous tomber sur
la tête

séparation des poulains et des
juments

enclos qui ne retient pas grand chose !



quel sourire !


superbe cavalier




le poulain amorce le lait....

... avant la traite !





































gauche ? droite ?
Nouvelle journée sur la route, ou plutôt la piste... car devant nous plusieurs jours de piste et ça commence bien avec une piste de terre bien détrempée par la pluie de la veille, bien boueuse par endroits. J'essaye de trouver mon équilibre sur boue et gravillons, pas évident, je peste, Dominique est déjà loin devant.


on a choisit la bonne piste !
Dès le départ, plusieurs pistes devant nous, laquelle choisir, angoissant au départ, nous prenons confiance et suivons boussole et points entrés dans le GPS et parfois aussi au feeling ! Au loin, nous croisons une moto et demandons confirmation, c'est bon, notre direction, c'est.... par là, au loin on nous montre une vague direction... Au fil de notre avancée, nous hésitons parfois entre deux pistes partant l'une à gauche, l'autre à droite, pour nous apercevoir plus loin qu'elles se rejoignent (mais pas toujours).

On s'élance dans une immense vallée en montée où les gers sont installées pour l'été. L'herbe y est bien rase.

En fin de journée, bien plus haut, au moment de chercher un coin pour dormir, on se retrouve au milieu d'une immense vallée, les fleurs de génépi et chardons ajoutent une belle touche colorée, quelques petites forêts sur les sommets des montagnes qui la bordent, aucune ger à l'horizon, l'herbe y est haute et réservée pour la saison froide. Au loin, il nous semble apercevoir un camp d'hiver.Aucun coin pour se cacher.... la tente orange au milieu de cette immensité verte.... Je me plais à écouter... le silence ; impressionnant.

Réveil entre 6 et 7h (plutôt 7h souvent) , petit déjeuner, au loin un hennissement d'un cheval, ah oui là haut, bien loin, j'aperçois un nomade à cheval derrière son troupeau de juments.
Nouvelle journée sur les pistes mongoles... sous la pluie !
On s'élance dans la boue, flûte ça glisse, je m'enfonce dans la boue, Dominique passe, pour moi quand ça glisse de trop, soit je passe sur l'herbe, soit je pousse. Devant nous un col pas bien haut, mais ici les montées en lacets, on connaît pas ici, la piste s'élance droit dans la pente. Bon ça glisse pas mal, vélo trop lourd, je descend et pousse, et je sue à grosses gouttes. Dominique est déjà arrivé en haut en pédalant !!!!

Belle vallée en descente... les gers se font à nouveau plus nombreuses.
Arrivée au village, lové en fond de vallée, les maisons colorées et gers entourées de murs de planches de bois s'étalent en petits quartiers séparés par des chemins de terre et de boue. Un mongole et son fils arrivent au mini magasin à cheval. Grand sourire ! Nous refaisons le plein de nourriture.


chacun son moyen de transport

On continue ! la vallée est magnifique.  Des gers partout ! Parfois nous nous arrêtons, on nous invite et on nous sert de l'airag (lait de jument fermenté - boisson d'été des nomades) ou du tchai. La crème est toujours aussi bonne.

On roule le nez en l'air à essayer d'imprimer ces moments exceptionnels... le soleil revenu, la piste sèche vite et c'est bien plus facile. Je suis du regard une buse qui nous survole, flûte, un trou et de la boue, il faut garder l'oeil sur la piste.


Voilà un troupeau de moutons/chèvres suivies par un cavalier. Plus loin, je ne peux que m'arrêter, en pleine montée, pour admirer les chevaux qui galopent dans la steppe, coursés par un chien en furie... Moment exceptionnel ! Superbes ! Difficile de repartir !

Descendants de Gengis Khan, qui, avec son armée entièrement à cheval, a créé un des plus grands empires, d'Asie jusqu'en Europe, posséder des chevaux pour un nomade mongole relève du prestige ! et quelle prestance lorsqu'on les voit galoper à travers la steppe.

Fin de journée, nouveau bivouac extraordinaire. Pas besoin de demander d'autorisation, même si nous sommes près d'habitations ou de gers, ici on campe où on veut, et cela semble tout à fait naturel pour les locaux.  La terre n'appartient à personne, ou plutôt à tout le monde et les bivouacs sont toujours exceptionnels. Ciel et terre s'étendent à perte de vue... Liberté !
Tiens un cavalier s'approche ! Il descend de sa monture, s'installe parterre en s'asseyant sur sa jambe et on discute ! Puis à nouveau le silence des grands espaces.

Parfois on nous appporte du lait, on nous propose de faire un tour à cheval.... contre un tour à vélo, et c'est la rigolade.

La Mongolie, avec ses 3 millions d'habitants sur une surface représentant 3X la France (ce qui fait 2hab/km2 contre 97 en France) nous apparaît comme un immense terrain de bivouac.

Toutefois, notre rencontre avec Sam, américain du Montana, et son groupe de chercheurs du programme "Bio Regions international" nous en apprend aussi plus sur les problèmes actuels de ses habitants.

Le quotidien des nomades, qui vivent en grande partie en autosubsistance,  n'est pas facile tous les jours entre des étés trop secs et donc pas assez d'herbe pour les troupeaux (à part cette année, qui est une année exceptionnellement humide...) et des hivers trop froids qui déciment les troupeaux (qui représentent la seule richesse des nomades). Dans certaines régions, la steppe disparaît et laisse de plus en plus place au sable. Les nomades, moins nombreux, ont des troupeaux de plus en plus grands créant un déséquilibre dans une nature fragile, participe à la désertification.
Rien n'est organisé localement pour récolter le lait et le transformer, celui-ci sert de base à la nourriture des nomades ; leur revenu provenant essentiellement de la vente de bêtes pour la viande et de laine (cachemire, mérinos).
Ces professeurs de l'Université du Montana en collaboration avec des étudiants mongoles, assistent les locaux pour les aider à trouver des solutions et un équilibre tout en maintenant et en mettant en avant leur culture et en leur apportant des formations et éviter ainsi de grossir ces villages où se retrouvent les nomades ayant tout perdu, et où ils se retrouvent sans travail.

montage de ger

on cherche l'eau au puit du village


cow-girls de charme

piste après l'orage
























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