27 février 2013

Le Cambodge en vrac !



En conclusion à ce pays où la population est tout sourire, quelques images en vrac.
Au pays du tout à 1$, où l’on peut payer indifféremment en dollars ou en riels (1 dollar = 4000 riels, montant arrondi),  le mot « dollar » est un mot magique…et parfois les totaux sont un peu fantaisistes. 


Les wat, bien que souvent moins clinquant qu’en Thailande, sont omniprésents, et le matin, les bonzes, pieds nus, font leur tournée matinale pour récolter une louche de riz ou autre nourriture, et, en contrepartie récitent une prière.




Nos bivouacs :
Souvent dans les wats, avec parfois de belles rencontres à la clé, mais où nous avons souvent été réveillés par les chants des jeunes bonzes qui récitent leurs prières avant le lever du soleil et après le coucher du soleil.
jeunes moines bien curieux pendant la préparation du petit dej

nuit dans le wat et visite avec le jeune moine

nuit en terrasse près de la maison des moines et chants en prime

quelques familles qui nous ont alloué un petit coin soit dans ou sous la maison et ont partagé riz et poisson et parfois l'alcool local, très présent.
Avec la chaleur, nous apprécions de pouvoir nous rincer, le soir, à l'eau des jarres, présentes dans chaque wat ou sous chaque maison.
salle de bain et buanderie

La notion de grasse matinée étant inconnue ici, nous nous réveillons sans problème "à la fraîche" à 5h30 du matin car coqs, chiens, prières, musiques diverses, ou parfois télé dans les familles s'en chargent. Par contre, la sieste dans le hamac est de rigueur pour les locaux, mais pas pour nous !!!

Les mob ou scooters "à tout faire"  :
pour aller faire une petite course à 100 m de la maison, on saute sur la mob
pour emmener enfants et copains à l’école, c’est en mob
la famille s'agrandit, pas de problème, on se serre un peu sur la mob
On sort entre copains ou copines, c’est en mob
On veut transporter un, deux ou trois cochons pour les vendre, pas de problème, la mob est là
Idem pour une trentaine de poules
la mob se transforme aussi en "supermarché" local
On veut transporter matelas ou tout autre chose volumineuse, il n’y a pas de problème en mob
transport de cochons

transport de poulets

1 enfant devant et 1 derrière

Pour l’essence, partout le long de la route les petites échoppes vendent l'essence par litre. Elle est déjà conditionnée dans des bouteilles de coca en verre, rarement, dans un tonneau muni d’une pompe.
bouteilles d'essence

Dans les villages, on ne passe pas inaperçu. Dès qu’ils nous voient arriver, déjà de loin, on entend des cris et des hello et des bybye frénétiques, souvent des deux côtés de la route. On a parfois du mal à leur répondre à tous. Jeunes et vieux nous saluent et dès leur plus jeune âge les parents initient les bébés en leur faisant faire un salut de la main aux barang que nous sommes.
  
L'entrée des cours ou maisons sont décorées de panneaux pour tel ou tel parti politique. Ici pas de honte, on affiche sa préférence !

Réminiscence de la colonisation, gendarmerie et police sont encore écrits en français et en khmer

Difficile de trouver une simple crème nourrissante pour ma peau, vu que toutes les crèmes portent la mention « white » ou « whitening », et les femmes se cachent le corps d’un soleil trop présent, parfois avec deux épaisseurs de pulls (mais comment font-elles avec cette chaleur ?). Elles s'occupaient aussi de ma peau en me faisant signe de me couvrir les bras alors que les marques sur nos pieds les faisaient bien rire !

En route maintenant pour le Laos pour de nouvelles découvertes.


 

20 février 2013

Le long du Mekong


L’arrivée au Mekong à Stung Trong se fait à travers d’immenses plantations d’hevea et de canne à sucre. 
une des nombreuses plantations d'hévéa

le Mékong à Stung Trong









Jusqu’à Kratie, où nous retrouvons avec plaisir Marion, voyageuse sac à dos, avec qui nous avions déjà passé un bon moment lors de notre passage au Kirghistan, la piste de sable rouge entrecoupée par une petite section asphaltée, qui suit au plus près le fleuve en rive droite, nous permet d’observer la vie rurale.
village entre Stong Treng et Kratie



hello !! bye bye !








traversée du Mékong pour rejoindre Kratie












                            en traversant un village                                         charrette remplie de tabac séché










champ de tabac et séchoir à droite
 Ces villages, où prédomine la culture du tabac, nous semblent plus animés. Derrière les maisons se dressent des séchoirs à tabac, sortes de maisons hautes aux murs d’argile, n’ayant qu’une porte et deux ouvertures de chaque côté pour y allumer le feu permettant de sécher le tabac.






du jus de canne avec plein de glace
Nous profitons des nombreux marchands vendant du jus de canne à sucre pour en remplir notre thermos avec des glaçons, ce qui nous permettra de boire bien frais toute la journée.




il redescend avec sa récolte
Certains, ne souffrant pas du vertige, grimpent le long des palmiers à sucre pour récolter le jus (matin et soir), qui, après plusieurs heures de chauffe, se transformera en sucre, apparemment très recherché.






Dans les environs, quelle surprise de voir se cotoyer femmes en tchador (minorité musulmane) et bonzes en tenue orange.








En cours de route, nous profitons de quelques trempettes dans le Mekong, pour se rafraîchir mais les courants peuvent être traitres.
baignade dans les rapides...

... et séance hamac par la suite !







Dans les villages aux environs de Kratie, notre rythme lent nous permettra de rencontrer d’anciens instituteurs de français à la retraite, qui profitent de notre passage pour converser à nouveau dans notre langue, qu’ils apprécient énormément. Ils se souviennent avec nostalgie de l’époque du protectorat français où la langue française était enseignée à l’école et le niveau de l’enseignement bien plus élevé qu’actuellement.
Seng Thim et Dom en pleine conversation

SENG THIM, 79 ans, du village de Prek Prasap nous parle de Victor Hugo et de Montesquieu et évoque l’époque des khmers rouges, pendant laquelle, en tant qu’intellectuel, il a été torturé dans la prison de Pnom Penh. Ce régime communiste a éliminé toute la classe dirigeante sachant que le simple fait de porter des lunettes vous faisait passer pour intellectuel et faisait de vous un criminel. Pendant les 3 années du régime, tout le monde a été obligé de travailler dans les rizières dans les montagnes pour à peine deux louches de soupes de riz par jour. La voisine, qui se joint à nous, se rappelle avoir vu des soldats jeter les bébés en l’air et les rattraper avec les baillonnettes ou encore les jeter aux crocodiles. Il est content que le pays soit maintenant en paix mais regrette la corruption omniprésente et déplore les diplomes que l’on peut acheter.
Heng Nhek

HENG NHEK, 70 ans, s’exprime également dans un français parfait et nous emmène voir la construction de la maison de sa fille dont le gendre, pour la financer, est parti travailler pour plusieurs années en Corée. Il évoque le manque de travail pour les jeunes, la vie « misérable » des paysans cambodgiens qui ne peuvent pas s’en sortir car les terres appartiennent à des gros propriétaires, les salaires si petits qu’il est indispensable de cultiver légumes, riz pour la consommation personnelle et posséder vache ou buffle que l’on peut vendre en cas de frais de santé inopinés. Pendant la période Pol Pot, il avait perdu cheveux et dents et avait un gros ventre pour cause de malnutrition. Il nous parle également de la déforestation qui fait rage.
marché de Kratie

village flottant sur le Mekong au niveau de Kratie

le Mekong près des rapides


un  soir de brume

et on ne résiste pas, baignade au coucher du soleil et sous les tropiques ils sont fabuleux !



Nous tentons bien de continuer à suivre le cours d’eau jusqu’à Stong Treng, mais devrons bientôt faire demi-tour et nous résoudre à emprunter la route 7 jusqu’à la frontière du Laos.
Celle-ci, au fur et à mesure de notre avancée vers le nord, devient de plus en plus calme et quelques minuscules hameaux et villages bien pauvres qui ont grignotés un peu de terre sur la forêt environnante donnent un peu de vie à ce paysage uniforme.
Heinz Stücke en personne !
Pour nous ce sera pourtant la route des rencontres. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas rencontré d’autre cycliste à sacoches. Quelle surprise de voir débouler devant nous un monsieur d’un « âge certain » avec plein d’entrain sur son vélo pliant. A défaut de sacoches, son vélo est garni de deux sacs à dos. Au fil de la conversation, nous nous rendons bien compte que c’est un personnage et qu’il a roulé sa bosse à travers la planète, …. à vélo. Notre surprise fut bien grande lorsque nous découvrons que c’est Heinz Stücke, en personne, une légende dans le domaine du cyclotourisme vu qu’il parcourt la planète à vélo depuis plus de 50 ans et qu’il en a bien des anecdotes à raconter.
Patrick, Gerold, Ushi et les go
Le lendemain, ce fut un regroupement de 5 vélos « Patria » avec Patrick, parti de Munich le même jour que nous soit le 3 mars 2012, et Ushi et Gerald, deux cyclo allemands en voyage pour 1 an.







La famille de Chad
Nous arrivons en pleine préparation de nouvel an chinois dans la famille de Chad qui nous hébergera pour une nuit à Ta Mau. Ce jeune homme, dont la famille s’est privée pour lui permettre de poursuivre des études, rentre chez lui pour fêter l’entrée dans l’année du serpent en famille et souhaiterait trouver un job mieux payé et qui lui permette d’aider sa famille financièrement.
Sa maman nous concoctera un dîner cambodgien et au petit dejeuner, ce sera riz et poisson fumé !
Chad
Au fil de la route, une nuit parmi d'autres dans un vat










Nous quittons ce pays, épaté par ce peuple qui nous donne une belle leçon de force et surtout de joie de vivre à peine 30 ans après cette catastrophe humanitaire et des milliers de morts pendant les 3 années du régime, un pays qui a encore un long chemin à suivre pour se reconstruire.
sur la route vers la frontière du Laos

10 février 2013

Cambodge secret


Pour rejoindre le Mékong, la seule route directe est une nationale bien droite où se concentre le plus gros de la circulation rejoignant la capitale Phnom Penh. Mais à y regarder de plus près, un mince trait rouge sur notre carte un peu plus au nord et quasiment parallèle nous attire.
Ce n’est pas trop le moment de visiter Phnom Penh vu qu’il doit y avoir foule pour la crémation du roi du Cambodge. Donc, c’est décidé, nous mettons cap au nord puis à l’est pour atteindre le Mékong au bout de 6 jours de pistes de sable rouge à Stung Trong.

vers Kvav Market
Après Bang Méanea, où la visite du temple khmer est pris d’assaut par une multitude de petits chinois en balade en bus, le bitume laisse la place à une piste de sable rouge bien roulante à travers forêt clairsemée, champs, hameaux isolés jusqu’au petit village de Kvav market.


supermarché ambulant  à Bang Méanéa




partout dans les mares ou étangs ils attrapent  des petits crapauds qu'on mangera grillé

chouette, le glacier !


on débroussaille par le feu

Kvav Market


Là des guides cambodgiens encadrant un groupe de français marathoniens et vététistes nous informent de la difficulté des 36 km qui suivent : un chemin forestier, beaucoup de sable, peu de monde, quelques maisons isolées.
Une dure journée nous attend donc pour le lendemain mais en attendant passons la soirée à palabrer avec les sportifs français, que nous avons été étonnés de rencontrer dans ce coin perdu. Et eux de même pour nous.

c'est le début et ça roule encore à peu près
Le lendemain, les prédictions se vérifient et nous galérons effectivement pendant 36 km jusqu’au temple de Preah Kahn puis Ta Seng. C’est un chemin forestier où les motoculteurs, qui transportent les habitants, ont tout juste la place. Trous, bosses, chemin très abimé pendant la saison des pluies, mais surtout zones de gravillons/sable mou où nos vélos trop lourdement chargés s’enfoncent. Dominique s’en sort à peu près (ça se voit qu’il fait du vtt) mais moi je sue à grosses gouttes en poussant le vélo dans le sable. Je craque un peu et nous finirons le trajet assoiffé, avec des gourdes bien vides.

Pfff! j'ai chaud ! j'ai soif ! et on n'avance pas dans ce sable
 Ca cogne dur car beaucoup de grands arbres ont disparus. Partout nous voyons les traces de l’incendie de la veille (qui avait fait fuir les français), feux allumés par les locaux pour déforester et acquérir des parcelles de terre. Nous espérons juste que le feu ne va pas reprendre. Très peu de monde, deux bicoques en bambou perdues dans la forêt et dont les habitants nous regardent avec de grands yeux.

Très joli temple angkorien dans la forêt de Prea Kahn
Partis à 8h du matin, nous arrivons au temple angkorien de Preah Kahn, avec sa tour à visage, perdu dans la forêt, où il n’y a personne, à 15h de l’après-midi. Plus qu’une dizaine de km nous séparent du village de Ta Seng.
Preah Kahn .... et la galère est finie
Je finis le trajet avec le pneu arrière déchiré et celui de Dominique qui suit le même chemin, après 12226 km.
De là, nous abandonnons le projet initial de continuer encore vers l’Est car l’état de la piste est identique et nous bifurquons plein sud par une belle piste bien roulante toujours dans la forêt.
arrivée à Ta Seng

non, Dominique n'a pas changé de partenaire ni de moyen de locomotion !

après 12 226 km

spectateurs !


chouette ! des gaufres pour le petit dej ! une aubaine  ! ça nous change du riz !

Ici aussi nombre de paysans s’installent le long de la piste dans des cabanes minuscules, parfois sans murs et défrichent pour obtenir un droit de propriété de la part du gouvernement cambodgien qui distribue ainsi des terres. Nous la quittons plus loin pour continuer vers l’Est direction Sala Visai et les temples de Sambour Pré kuk où nous traversons à nouveau de nombreux villages de maisons en bois et bambou sur pilotis. La vie s’y déroule tranquillement à l’ombre des maisons, dans les hamacs, des « hello » ou « bybye » fusent de partout.  Mais c’est souvent, avec « what’s your name », les seuls mots d’anglais connus. 
hey ! attendez-moi, je veux voir les "barang"

maisons très sommaires hors des villages

un village sur notre route !

tout se transporte à scooter ! même les cochons !

temple préangkorien de Sambor pré kuk

en route pour une journée de classe


glace pilée sur différents ingrédients pour petit dej
Nos repas ne seront pas très variés et nous nous laissons souvent surprendre par la nourriture, qui est servie par les locaux.






Nous retrouvons les champs de riz qui ne seront replantés qu’au début de la saison des pluies.
A chaque croisement nous devons demander notre chemin et prononcer les noms des villages où nous voulons aller s’avère parfois fastidieux.  Mais nous arrivons finalement à destination.
De Sambour, nous continuons toujours par des pistes de sable rouge, qui colle à nos vêtements, cheveux (le gris de nos cheveux devient rouge), sur nos sacoches. Nous en prenons à pleine bouffée lorsqu’un véhicule nous double et devrions adopter le masque comme les locaux. Les arbres et maisons du bord de la piste sont recouvert d'une couche brunâtre/rougeâtre. Ici ce sont des champs de bananiers, manguiers et autres fruitiers qui prédominent.
A Santuk, nous retrouvons l’asphalte et la circulation et les klaxons de la route principale, que nous avions presque oubliés, et nous ne l’emprunterons que sur 10 km jusqu’à Kampong Thorn.

Ici, nous avons dormi en tente dans une pagode, là nous avons été hébergés par une famille super où nous avons aussi dû gouter à l’alcool de riz (un grand verre au petit déjeuner ne fait pas peur au grand-père) et où EAM se met en quatre pour nous préparer à manger, hébergement chez l’habitant où l’on étale une natte et un petit matelas recouvert d’une moustiquaire dans la pièce principale, ce qui laisse peu d’intimité.
Avec un peu de chance, la « douche » se fait dans un local fermé où une bassine d’eau permet de s’asperger à l’aide d’un bol. Dans d’autres cas, la jarre d’eau avec le bol se trouve à l’extérieur, au vu de tous, et j’utilise le paréo comme les femmes d’ici.

nuit dans un temple devant les sacs de riz ! on a eu droit le soir ainsi que le matin aux prières des moines pour le roi décédé! et dès 6h du matin ça bouge et on a droit à la musique diffusée par les haut-parleurs !

Set nous offre le petit dejeuner (riz et poisson séché/salé) et souhaite pratiquer son anglais. il rêve d'apprendre l'anglais et surtout de voyager à travers le monde !

il faut gouter à l'alcool de riz

famille de Eam et Vinasar qui nous ont hébergés
nuit sous la maison d'Eam, on y capte mieux le moindre souffle d'air la nuit !

Un itinéraire un peu hors du temps, à travers de petits villages, souvent surpris de nous voir ici, de belles rencontres comme ce jeune qui souhaiterait être professeur d’anglais mais n’a pas assez d’argent pour poursuivre ses études et obtenir le diplôme, ou tel autre qui nous souhaite la bienvenue dans son pays et nous présente sa famille et ses amis, et bien d’autres et où nous avons rempli nos sacoches de milliers de sourires et d’éclats de rires.
Souvent, les quelques discussions en anglais nous confirment les difficultés financières de ces familles.