23 juin 2013

Aventures administratives

Ce n'est finalement pas à Hezuo que nous prolongeons notre visa.
Au PSB, on nous conseille (plutôt nous oblige) à aller à Lanzhou pour effectuer cette démarche car, soi-disant, ils préfèrent garder leurs quotas pour les expatriés. Notre insistance ne fera pas fléchir le chef. Pour lui, deux jours de visa qui nous restent sont suffisants, d'après lui, pour nous rendre à Lanzhou en 4 h de bus. Et nous qui voulions pédaler jusqu'à cette ville qui marque notre retour sur la route de la soie (que nous avions quitté en nous envolons pour l'Inde depuis le Kirghistan). Déçus...mais n'avons pas le choix.
Nous quittons dans la journée la ville d'Hezuo, attrapons presque au vol un bus en partance et arrivons à 19h à Lanzhou, où les températures sont bien douces.
Immense ville de 20 km de long, qui a la réputation d'être une des villes les plus polluées de Chine, encore à 1300 m d'altitude, avec des gratte-ciels surgissent de partout, elle possède de grandes avenues et y circuler à vélo n'y est pas trop désagréable.
Mais ce soir, comme à Hezuo, nous galérons pour trouver un hôtel à un prix raisonnable, beaucoup nous refusent et n'ont pas l'agrément pour recevoir des étrangers. Plus de 10 hôtels avant d'en trouver un qui nous accepte.
Et ce n'est pas fini.
Les démarches pour l'extension de visa se passent sans problème et nous obtenons en un jour encore un mois de visa supplémentaire (ce qui nous fera 3 mois 1/2 dans le pays au total) ; MAIS, en indiquant le nom de l'hôtel où nous logeons, nous nous retrouvons le soir même à la rue (ce dernier ayant eu un coup de fil de la police leur demandant de ne pas nous loger - ils n'ont pas l'autorisation). A 18h, le 2e jour, nous voilà à la rue et encore en train de faire la tournée des hôtels....Et c'est pareil, nous en passons bien une dizaine avant d'en trouver un dans nos prix et qui nous accepte. Allons-nous pouvoir y rester cette fois-ci ?
A Lanzhou, nous rencontrons Han, qui nous accompagne pour la réservation du billet de train pour Pékin, nous conseille pour le transport des vélos dans le train, nous offre un sac, nous invite par deux fois à goûter des spécialités au restaurant...
Finalement, nous emmenons nos vélos, bien démontés, dans le train, sans problème et sans payer de supplément. Par contre, on se demande comment on va bien pouvoir transporter tous nos bagages au train et aussi en sortir. Mais ici aussi, aussi bien à la gare de départ qu'à la gare d'arrivée à Baoding (150 km au sud de Pékin), on nous aide à transporter tout notre barda (le transport des vélos pas vraiment roulants est plutôt difficile).
A Baoding, encore à la recherche d'un hôtel qui veuille bien nous accepter, une jeune fille nous guide et son ami dirige un club de vélo.... et nous répare notre béquille gratuitement.
Entretemps nous achetons des pains à une marchande ambulant ... et elle nous les offre.
et maintenant, à travers la campagne au sud de Pékin, dans une moiteur et une chaleur étouffante, droit sur Pékin... où plutôt par des petites routes de campagne, où les regards sont souvent étonnés de nous voir là...

Lanzhou sous une tempête de sable 

invitation à dîner par Han
et on reprends les kilos perdus....

Baoding, à la recherche d'un hôtel avec nos deux aides

sur la route de Pékin, petit resto où le proprio a refusé qu'on paye le déjeuner...

vers Pékin

A Baoding, réparation de la béquille au club de vélo

entrée dans la province de Pékin, mais il reste une grande journée de vélo avant
d'arriver au centre de Pékin

un peu de montagne avant Pékin, et vente d'abricots en bord de route



14 juin 2013

Yarsagumbu, thé au lait et Tsampa

Après nos deux jours à Garze, où nous profitons enfin d’un soleil printanier, nous décidons finalement de tenter de rallier Hezuo à plus de 1000 km par plusieurs cols au dessus de 4000 m toujours. Il nous reste 14 jours sachant qu’il vaut mieux y être un ou deux jours avant l’expiration du visa et en espérant que le renouvellement puisse bien se faire là-bas (suivant les informations récoltées).
Bon ce n’est pas une mince affaire et il ne va pas falloir trop trainer en route, mais on se lance.

En sortant de Garze, sous une pluie torrentielle, on se demande si on a bien fait. Nous sommes déjà bloqués par une partie de la route en travaux et où la boue nous monte presque jusqu’aux chevilles et  bloque les vélos. Cela commence bien. Les 30 prochains kilomètres par un col à plus de 4000 m ne s’annoncent pas coton non plus car des travaux sont en cours qui transforment la piste en bourbier, creusé par les camions. Arrêt à la première station-service pour enlever toute cette boue des vélos et… là, comme souvent, notre ange-gardien nous envoie notre sauveur. Une camionnette s’arrête qui nous propose à force de gestes, de nous emmener, et nous fait comprendre que la route est boueuse. Souvent nous avons eu ce genre de proposition que nous déclinions, eh oui, on veut pédaler, on sait on est maso !, mais là ni d’une ni de deux, on accepte en se disant que cela nous avancera un peu.
ouf, bien contents de sortir du véhicule
on se demande qu'est-ce-qui était pire
la route à vélo ou à l'arrière du véhicule...
Au croisement où nous sortons complètement cotis de la camionnette et où nous quittons cette route en travaux, on est bien contents d’avoir gagné un peu de temps et évité tout ce bourbier mais le trajet ne fut pas de tout repos, à l’arrière du véhicule, assis par-terre, coincés entre les vélos, où nous avons parfois fait des bonds énormes…. Bon on s’en sort sans trop de mal et c’est parti sous la neige et un froid pénétrant sur une petite route goudronnée qui se transforme bien vite en piste à nouveau. Tout est bouché.
après le trajet en camionnette, nous voilà partis vers Sertal



Nous nous dirigeons vers Sertal, puis Pedma  sous de nombreuses averses de neige. Les descentes sont difficiles pour moi car malgré toutes mes couches, mes mains gèlent et j’appréhende à chaque montée au col, la descente qui va suivre.

toujours dans le sens des aiguilles d'une
montre...

la montée au col....


....et la neige s'arrête de tomber lorsque
nous atteignons le col à
4600 m...
je ne sais plus quoi faire pour protéger mes
mains.... sachets plastiques











...et même des singes...
vers Pedma
Les paysages changent et nous roulons souvent dans  des larges vallées d’altitude, herbeuses, domaine des yaks, des chevaux et des nomades. Marmottes espiègles et petits pilis (sortes de mulots) attirent notre attention et nous font oublier l’effort de la montée.

vers Pedma

Dans les villages, les maisons sont bien plus petites et souvent remplacées
tentes de nomades
par des tentes ou des petites maisons basses isolées aux murets de terre.

Nous sommes maintenant dans la région tibétaine de l’Amdo et nous entrons dans la province du Qinghai.
droite ou gauche ?
personne aux alentours...

Quelques contrôles de police  pour enregistrer notre passage et nous demander où nous allons….
Les vautours et autres rapaces sont nombreux et tournoient autour des sites de funérailles célestes, les tibétains offrant leurs morts aux rapaces.
encore un.... plus de 4000 , sous le soleil
Plusieurs cols entre 4000 et 4600 m se suivent et à chaque fois, la vue du sommet récompense tous les efforts de la montée. Cela devient presque une drogue, quand il n’y a pas de col, cela nous manque…


des pierres, de la boue....
chargement dans le pick-up
Lorsque nous quittons Pedma vers Jiuzhi sous une pluie drue, un pick-up providentiel s’arrête dès les premiers 5 km, sans lever le pouce, et nous propose de charger les vélos et de nous emmener sur les 120 prochains km. Ici aussi nous n’hésitons pas sachant que nous n’arriverons pas à temps à Hezuo vu l’état des routes (plus de 300 km de pistes déjà et ce n’est pas fini)et le mauvais temps . Nous regrettons juste de ne pas passer ces cols à vélo mais aujourd’hui le temps est complètement bouché.

Un arrêt au monastère en cours de route pour déposer une offrande et demander aux moines des prières pour les enfants de notre chauffeur ainsi que pour les nôtres contre une donation.
A jiuzhi, la présence policière est toujours très importante mais l’ambiance est agréable.

femme hui
Les foulards des femmes hui, musulmans chinois, originaires d’Asie Centrale cotoient les chapeaux et tenues tibétaines. Les hui tiennent souvent les petites boutiques de pain et sont spécialistes pour les noodles.

fleuve jaune avant Maqu
Vers Maqu, nous roulons à nouveau sur du plat, sur une immense plaine d’altitude, à 3800 m,  délimitée par de plus grandes chaines de montagnes, à perte de vue des tâches noires des troupeaux de yaks et blanches des tentes. Nous traverserons deux fois le fleuve jaune, un des fleuve les plus longs de Chine.



campement dans le monastère
et la foule tourne toujours...
dans le sens des aiguilles d'une montre
A Awacang, nous plantons la tente dans un monastère où pendant la soirée et même une partie de la nuit les fidèles (anciens, jeunes, mamans avec les bébés dans le dos…) tournent inlassablement autour du temple en récitant des mantras. Pour certains, la kora se fait en s’allongeant sur le sol, font trois pas, s’allongent à nouveau et ainsi de suite, des tours sans fin, sous la pluie, sous le soleil, de jour, de nuit.  Toute cette foule qui tourne et qui tourne est vraiment impressionnante. Les moines, à tour de rôle, nous proposent finalement de nous héberger, mais n’avons pas envie de redémonter  à nouveau notre tente, alors que la pluie refait son apparition.

Hezuo grande ville, encore à 2900 m d'altitude, en pleine expansion,avec ses nombreuses constructions, nous surprend. Il neige et arbres, voitures et trottoirs se recouvrent d’une belle couche blanche. Venant des montagnes et des petites villes perdues, cela fait un choc.
Et nous arrivons, comme prévu, 3 jours avant la fin de notre visa.

Souvent, les tibétains qui nous doublent en mob, s’arrêtent, curieux et observent nos montures.
rencontre... et vente de cordyceps
dans les rues de Sertal
Sur un ton de confidence, ils sortent de dessous leur manteau une petite boite ou un sachet soigneusement fermé et nous proposent …. Des cordyceps… ou champignons-chenille ou Yarsagumbu en tibétain (dont on a déjà parlé dans un précédent post). Souvent nous les voyons, par 2, s’arrêter et grimper en haut des montagnes, avec une pioche à la ceinture. Ils vont à la cueillette de ce fameux « médicament » et nous avons vraiment l’impression qu’ici c’est l’activité principale du moment. La cueillette ne se fait qu’à cette saison. Dans les villes que nous traversons, la place principale sert de lieu d’achat et de vente et est gardé par des militaires bien armés…sur les trottoirs, on nettoie, expose cette denrée très recherchée.
ça négocie dur dur !
et ça cueille, ici à 4000 m
A titre d’information, ce ne sont que les chinois (han) qui l’utilisent dans la médecine traditionnelle et non les tibétains (pour qui c’est une rentrée d’argent non négligeable).




le champignon-chenille
chez Puto, avec son épouse

Partout, l’accueil était au rendez-vous comme ce jour, où en arrivant complètement frigorifiés à Penda, nous demandons de l’eau à Puto, et nous finirons par être hébergé chez lui.

Nous n’avons jamais apprécié autant la chaleur du poêle près duquel nous nous sommes même assoupis en attendant le dîner.
en repartant le matin, après avoir passé
la nuit dans cette famille
Un autre soir, une famille nous a presque « forcé » à fermer la tente et à venir dormir chez eux.

D’autres bivouacs dans des vallées tranquilles nous ont laissé des souvenirs mémorables comme cet orage de grêle, avec des grêlons gros comme des œufs de caille (presque) et qui rebondissaient sur la tente et sur le sol. Et bien d’autres.

malaxage de la tsampa
On nous a tellement souvent invité à boire du thé au beurre de yak, ou du thé au lait et surtout à manger de la tsampa, que j’en ai fait une overdose….avec du sucre, on aime, sans sucre, c'est plutôt difficile à avaler...

enfin une soirée sous le soleil....
le lendemain il a plu des cordes...
Mais c’est la nourriture de base des tibétains (farine d’orge mélangée avec les doigts avec du beurre et du lait ou eau chaude. Il faut malaxer le tout pour en faire une boule qui se détache du bol. On a essayé mais le résultat n’est pas encore très concluant.

Il ne nous reste plus qu’à demander notre extension de visa…




bon je fais attention aux cailloux...

11 juin 2013

Toujours plus vers le nord - vers Garze

Litang dans le fond de la vallée à 4000 m
c'est trop beau !
Nous quittons Litang et son ambiance à 90 % tibétaine, à regret, malgré un temps médiocre et très froid, des orages de grêle et de neige, (coupures d'électricité), qui ont bien blanchi les collines tout autour de la ville. Nous démarrons cette nouvelle étape par une montée bien boueuse au premier col à 4100 m mais la vue (sous le soleil enfin) sur la haute vallée de Litang nous fait oublier tous les efforts.


poteaux électriques décorés de drapeaux à prière au col
Les jours d'arrêt et de repos sont nécessaires et cela fait du bien de ne pas avoir à repartir tous les matins mais au bout de 3 jours, lorsque nous nous remettons en selle, le plaisir et l'ivresse de la découverte et de la liberté nous submergent à chaque fois.

Nous enchaînons encore plusieurs cols toujours au-dessus de 4000 m et vallées dont l'herbe, dont se régalent les yaks, devient bien plus verte maintenant (le printemps arrive-t-il ?). Nous oscillons maintenant entre 3000-3500 m et 4600 m environ.
tentes nomades et yaks
rencontre
Dans la vallée suivante que nous remontons bien longtemps jusqu'à un nouveau col de 4500 m, nous redécouvrons le plaisir de pédaler sur un revêtement absolument impeccable, tout neuf, sans travaux. Ici plus de cultures, plus de grandes maisons tibétaines, mais de petites bâtisses sommaires, parfois des tentes. Nous sommes bien chez les éleveurs de yaks, nomades, qui suivent leurs troupeaux sur les pâturages.


bâtisses bien plus rustiques, village pas loin du col

4500 m encore !!!
Du sommet, nous plongeons littéralement dans une vallée boisée, où l'exploitation du bois fait vivre les quelques villages, et on se régale d'une descente d'anthologie : 50 km de descente sur une route parfaite.... ça vous dit ? allez on y va !
en voici un qui se régale !
Extraordinaire. Le problème c'est que l'on descend toujours (jusque vers 3000 m) et qu'il va bien falloir remonter tout ça !



village de toiles et danses sur la route

on campe près de ce village dans la descente de la vallée
...mais nous aurons des observateurs bien
curieux pendant toute la soirée !
piste bien poussiéreuse parfois
Bon cela ne pouvait pas continuer ainsi et c'est sur une mauvaise piste, coincée entre falaises et rivière furieuse, dans une vallée bien étroite, où les travaux en cours sont sporadiques que nous traçons notre route vers Xinlong. Les maisons villageoises, lorsque les pentes se font plus douces, se font à nouveau plus cossues. Les champs d'orge sont ensemencés. Nombreux sourires et taschidele nous accompagnent.
rien ne leur échappe !!!
monastère de Xinlong
Mais Xinlong nous laisse une impression désagréable. Un "je ne sais quoi de différent" se dégage de cette petite ville très poussiéreuse, où un grand monastère attire de nombreux moines. On n'aime pas, on ne se sent pas accueilli. Ambiance difficile à définir. Cela fait déjà plusieurs fois qu'on nous parle du Dalai Lama sur un ton de confidence, la présence policière, d'ailleurs depuis Litang, est bien plus présente.
Xinlong
C'est à partir de là que nous subissons plusieurs contrôles de police (mais rien de bien méchant).






A Xinlong, 4 biclou qui frétillent d'impatience de
 reprendre la route
(Avec Mona et Bruno)
leur blog :
www.wirsindwiederunterwegs.blogspot.ch

même pas peur des chutes de pierres....
Nous continuons vers Garze, accompagnés par Mona et Bruno, couple suisse de Bâle, à vélo depuis 6 mois, déjà rencontrés à Litang, dans une vallée étroite avec risques de chutes de pierres (mais nous sommes protégés par les nombreux drapeaux à prière disséminés aux endroits stratégiques) se transformant en gorges par endroits.


moulins à prière .... à eau
Les villages se suivent annoncés par de nombreux chortens, murs à mani, monastères aux toits dorés. Nous n'avançons pas vite, la route est en très mauvais état et nous semble interminable.
pas de chomage en Chine avec tous
les travaux sur les routes en
cours


mur à mani


A Garze, encore à 3500 m environ, moines et nonnes sont particulièrement nombreux dans les rues (moines-moto, moines-4X4, moines-mendiants) mais le centre ville près du marché est sous haute surveillance policière, des caméras partout.... ambiance majoritairement tibétaine bien plus tendue (un policier me demande d'effacer une photo que je venais de prendre d'un tibétain....).
C'est à partir d'ici que nous croisons les premiers mendiants.
Du monastère,  situé au-dessus du quartier tibétain (dont les maisons basses en pisé contrastent avec les nouveaux bâtiments sans charme du centre ville, s'étale toute la vallée et la vue sur les pics enneigés des Chola Mountains, culminant à plus de 6000 m, sous le soleil enfin retrouvé, est magnifique.
au monastère

ancien quartier tibétain 

nonnes au marché