14 juin 2013

Yarsagumbu, thé au lait et Tsampa

Après nos deux jours à Garze, où nous profitons enfin d’un soleil printanier, nous décidons finalement de tenter de rallier Hezuo à plus de 1000 km par plusieurs cols au dessus de 4000 m toujours. Il nous reste 14 jours sachant qu’il vaut mieux y être un ou deux jours avant l’expiration du visa et en espérant que le renouvellement puisse bien se faire là-bas (suivant les informations récoltées).
Bon ce n’est pas une mince affaire et il ne va pas falloir trop trainer en route, mais on se lance.

En sortant de Garze, sous une pluie torrentielle, on se demande si on a bien fait. Nous sommes déjà bloqués par une partie de la route en travaux et où la boue nous monte presque jusqu’aux chevilles et  bloque les vélos. Cela commence bien. Les 30 prochains kilomètres par un col à plus de 4000 m ne s’annoncent pas coton non plus car des travaux sont en cours qui transforment la piste en bourbier, creusé par les camions. Arrêt à la première station-service pour enlever toute cette boue des vélos et… là, comme souvent, notre ange-gardien nous envoie notre sauveur. Une camionnette s’arrête qui nous propose à force de gestes, de nous emmener, et nous fait comprendre que la route est boueuse. Souvent nous avons eu ce genre de proposition que nous déclinions, eh oui, on veut pédaler, on sait on est maso !, mais là ni d’une ni de deux, on accepte en se disant que cela nous avancera un peu.
ouf, bien contents de sortir du véhicule
on se demande qu'est-ce-qui était pire
la route à vélo ou à l'arrière du véhicule...
Au croisement où nous sortons complètement cotis de la camionnette et où nous quittons cette route en travaux, on est bien contents d’avoir gagné un peu de temps et évité tout ce bourbier mais le trajet ne fut pas de tout repos, à l’arrière du véhicule, assis par-terre, coincés entre les vélos, où nous avons parfois fait des bonds énormes…. Bon on s’en sort sans trop de mal et c’est parti sous la neige et un froid pénétrant sur une petite route goudronnée qui se transforme bien vite en piste à nouveau. Tout est bouché.
après le trajet en camionnette, nous voilà partis vers Sertal



Nous nous dirigeons vers Sertal, puis Pedma  sous de nombreuses averses de neige. Les descentes sont difficiles pour moi car malgré toutes mes couches, mes mains gèlent et j’appréhende à chaque montée au col, la descente qui va suivre.

toujours dans le sens des aiguilles d'une
montre...

la montée au col....


....et la neige s'arrête de tomber lorsque
nous atteignons le col à
4600 m...
je ne sais plus quoi faire pour protéger mes
mains.... sachets plastiques











...et même des singes...
vers Pedma
Les paysages changent et nous roulons souvent dans  des larges vallées d’altitude, herbeuses, domaine des yaks, des chevaux et des nomades. Marmottes espiègles et petits pilis (sortes de mulots) attirent notre attention et nous font oublier l’effort de la montée.

vers Pedma

Dans les villages, les maisons sont bien plus petites et souvent remplacées
tentes de nomades
par des tentes ou des petites maisons basses isolées aux murets de terre.

Nous sommes maintenant dans la région tibétaine de l’Amdo et nous entrons dans la province du Qinghai.
droite ou gauche ?
personne aux alentours...

Quelques contrôles de police  pour enregistrer notre passage et nous demander où nous allons….
Les vautours et autres rapaces sont nombreux et tournoient autour des sites de funérailles célestes, les tibétains offrant leurs morts aux rapaces.
encore un.... plus de 4000 , sous le soleil
Plusieurs cols entre 4000 et 4600 m se suivent et à chaque fois, la vue du sommet récompense tous les efforts de la montée. Cela devient presque une drogue, quand il n’y a pas de col, cela nous manque…


des pierres, de la boue....
chargement dans le pick-up
Lorsque nous quittons Pedma vers Jiuzhi sous une pluie drue, un pick-up providentiel s’arrête dès les premiers 5 km, sans lever le pouce, et nous propose de charger les vélos et de nous emmener sur les 120 prochains km. Ici aussi nous n’hésitons pas sachant que nous n’arriverons pas à temps à Hezuo vu l’état des routes (plus de 300 km de pistes déjà et ce n’est pas fini)et le mauvais temps . Nous regrettons juste de ne pas passer ces cols à vélo mais aujourd’hui le temps est complètement bouché.

Un arrêt au monastère en cours de route pour déposer une offrande et demander aux moines des prières pour les enfants de notre chauffeur ainsi que pour les nôtres contre une donation.
A jiuzhi, la présence policière est toujours très importante mais l’ambiance est agréable.

femme hui
Les foulards des femmes hui, musulmans chinois, originaires d’Asie Centrale cotoient les chapeaux et tenues tibétaines. Les hui tiennent souvent les petites boutiques de pain et sont spécialistes pour les noodles.

fleuve jaune avant Maqu
Vers Maqu, nous roulons à nouveau sur du plat, sur une immense plaine d’altitude, à 3800 m,  délimitée par de plus grandes chaines de montagnes, à perte de vue des tâches noires des troupeaux de yaks et blanches des tentes. Nous traverserons deux fois le fleuve jaune, un des fleuve les plus longs de Chine.



campement dans le monastère
et la foule tourne toujours...
dans le sens des aiguilles d'une montre
A Awacang, nous plantons la tente dans un monastère où pendant la soirée et même une partie de la nuit les fidèles (anciens, jeunes, mamans avec les bébés dans le dos…) tournent inlassablement autour du temple en récitant des mantras. Pour certains, la kora se fait en s’allongeant sur le sol, font trois pas, s’allongent à nouveau et ainsi de suite, des tours sans fin, sous la pluie, sous le soleil, de jour, de nuit.  Toute cette foule qui tourne et qui tourne est vraiment impressionnante. Les moines, à tour de rôle, nous proposent finalement de nous héberger, mais n’avons pas envie de redémonter  à nouveau notre tente, alors que la pluie refait son apparition.

Hezuo grande ville, encore à 2900 m d'altitude, en pleine expansion,avec ses nombreuses constructions, nous surprend. Il neige et arbres, voitures et trottoirs se recouvrent d’une belle couche blanche. Venant des montagnes et des petites villes perdues, cela fait un choc.
Et nous arrivons, comme prévu, 3 jours avant la fin de notre visa.

Souvent, les tibétains qui nous doublent en mob, s’arrêtent, curieux et observent nos montures.
rencontre... et vente de cordyceps
dans les rues de Sertal
Sur un ton de confidence, ils sortent de dessous leur manteau une petite boite ou un sachet soigneusement fermé et nous proposent …. Des cordyceps… ou champignons-chenille ou Yarsagumbu en tibétain (dont on a déjà parlé dans un précédent post). Souvent nous les voyons, par 2, s’arrêter et grimper en haut des montagnes, avec une pioche à la ceinture. Ils vont à la cueillette de ce fameux « médicament » et nous avons vraiment l’impression qu’ici c’est l’activité principale du moment. La cueillette ne se fait qu’à cette saison. Dans les villes que nous traversons, la place principale sert de lieu d’achat et de vente et est gardé par des militaires bien armés…sur les trottoirs, on nettoie, expose cette denrée très recherchée.
ça négocie dur dur !
et ça cueille, ici à 4000 m
A titre d’information, ce ne sont que les chinois (han) qui l’utilisent dans la médecine traditionnelle et non les tibétains (pour qui c’est une rentrée d’argent non négligeable).




le champignon-chenille
chez Puto, avec son épouse

Partout, l’accueil était au rendez-vous comme ce jour, où en arrivant complètement frigorifiés à Penda, nous demandons de l’eau à Puto, et nous finirons par être hébergé chez lui.

Nous n’avons jamais apprécié autant la chaleur du poêle près duquel nous nous sommes même assoupis en attendant le dîner.
en repartant le matin, après avoir passé
la nuit dans cette famille
Un autre soir, une famille nous a presque « forcé » à fermer la tente et à venir dormir chez eux.

D’autres bivouacs dans des vallées tranquilles nous ont laissé des souvenirs mémorables comme cet orage de grêle, avec des grêlons gros comme des œufs de caille (presque) et qui rebondissaient sur la tente et sur le sol. Et bien d’autres.

malaxage de la tsampa
On nous a tellement souvent invité à boire du thé au beurre de yak, ou du thé au lait et surtout à manger de la tsampa, que j’en ai fait une overdose….avec du sucre, on aime, sans sucre, c'est plutôt difficile à avaler...

enfin une soirée sous le soleil....
le lendemain il a plu des cordes...
Mais c’est la nourriture de base des tibétains (farine d’orge mélangée avec les doigts avec du beurre et du lait ou eau chaude. Il faut malaxer le tout pour en faire une boule qui se détache du bol. On a essayé mais le résultat n’est pas encore très concluant.

Il ne nous reste plus qu’à demander notre extension de visa…




bon je fais attention aux cailloux...

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