20 février 2013

Le long du Mekong


L’arrivée au Mekong à Stung Trong se fait à travers d’immenses plantations d’hevea et de canne à sucre. 
une des nombreuses plantations d'hévéa

le Mékong à Stung Trong









Jusqu’à Kratie, où nous retrouvons avec plaisir Marion, voyageuse sac à dos, avec qui nous avions déjà passé un bon moment lors de notre passage au Kirghistan, la piste de sable rouge entrecoupée par une petite section asphaltée, qui suit au plus près le fleuve en rive droite, nous permet d’observer la vie rurale.
village entre Stong Treng et Kratie



hello !! bye bye !








traversée du Mékong pour rejoindre Kratie












                            en traversant un village                                         charrette remplie de tabac séché










champ de tabac et séchoir à droite
 Ces villages, où prédomine la culture du tabac, nous semblent plus animés. Derrière les maisons se dressent des séchoirs à tabac, sortes de maisons hautes aux murs d’argile, n’ayant qu’une porte et deux ouvertures de chaque côté pour y allumer le feu permettant de sécher le tabac.






du jus de canne avec plein de glace
Nous profitons des nombreux marchands vendant du jus de canne à sucre pour en remplir notre thermos avec des glaçons, ce qui nous permettra de boire bien frais toute la journée.




il redescend avec sa récolte
Certains, ne souffrant pas du vertige, grimpent le long des palmiers à sucre pour récolter le jus (matin et soir), qui, après plusieurs heures de chauffe, se transformera en sucre, apparemment très recherché.






Dans les environs, quelle surprise de voir se cotoyer femmes en tchador (minorité musulmane) et bonzes en tenue orange.








En cours de route, nous profitons de quelques trempettes dans le Mekong, pour se rafraîchir mais les courants peuvent être traitres.
baignade dans les rapides...

... et séance hamac par la suite !







Dans les villages aux environs de Kratie, notre rythme lent nous permettra de rencontrer d’anciens instituteurs de français à la retraite, qui profitent de notre passage pour converser à nouveau dans notre langue, qu’ils apprécient énormément. Ils se souviennent avec nostalgie de l’époque du protectorat français où la langue française était enseignée à l’école et le niveau de l’enseignement bien plus élevé qu’actuellement.
Seng Thim et Dom en pleine conversation

SENG THIM, 79 ans, du village de Prek Prasap nous parle de Victor Hugo et de Montesquieu et évoque l’époque des khmers rouges, pendant laquelle, en tant qu’intellectuel, il a été torturé dans la prison de Pnom Penh. Ce régime communiste a éliminé toute la classe dirigeante sachant que le simple fait de porter des lunettes vous faisait passer pour intellectuel et faisait de vous un criminel. Pendant les 3 années du régime, tout le monde a été obligé de travailler dans les rizières dans les montagnes pour à peine deux louches de soupes de riz par jour. La voisine, qui se joint à nous, se rappelle avoir vu des soldats jeter les bébés en l’air et les rattraper avec les baillonnettes ou encore les jeter aux crocodiles. Il est content que le pays soit maintenant en paix mais regrette la corruption omniprésente et déplore les diplomes que l’on peut acheter.
Heng Nhek

HENG NHEK, 70 ans, s’exprime également dans un français parfait et nous emmène voir la construction de la maison de sa fille dont le gendre, pour la financer, est parti travailler pour plusieurs années en Corée. Il évoque le manque de travail pour les jeunes, la vie « misérable » des paysans cambodgiens qui ne peuvent pas s’en sortir car les terres appartiennent à des gros propriétaires, les salaires si petits qu’il est indispensable de cultiver légumes, riz pour la consommation personnelle et posséder vache ou buffle que l’on peut vendre en cas de frais de santé inopinés. Pendant la période Pol Pot, il avait perdu cheveux et dents et avait un gros ventre pour cause de malnutrition. Il nous parle également de la déforestation qui fait rage.
marché de Kratie

village flottant sur le Mekong au niveau de Kratie

le Mekong près des rapides


un  soir de brume

et on ne résiste pas, baignade au coucher du soleil et sous les tropiques ils sont fabuleux !



Nous tentons bien de continuer à suivre le cours d’eau jusqu’à Stong Treng, mais devrons bientôt faire demi-tour et nous résoudre à emprunter la route 7 jusqu’à la frontière du Laos.
Celle-ci, au fur et à mesure de notre avancée vers le nord, devient de plus en plus calme et quelques minuscules hameaux et villages bien pauvres qui ont grignotés un peu de terre sur la forêt environnante donnent un peu de vie à ce paysage uniforme.
Heinz Stücke en personne !
Pour nous ce sera pourtant la route des rencontres. Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas rencontré d’autre cycliste à sacoches. Quelle surprise de voir débouler devant nous un monsieur d’un « âge certain » avec plein d’entrain sur son vélo pliant. A défaut de sacoches, son vélo est garni de deux sacs à dos. Au fil de la conversation, nous nous rendons bien compte que c’est un personnage et qu’il a roulé sa bosse à travers la planète, …. à vélo. Notre surprise fut bien grande lorsque nous découvrons que c’est Heinz Stücke, en personne, une légende dans le domaine du cyclotourisme vu qu’il parcourt la planète à vélo depuis plus de 50 ans et qu’il en a bien des anecdotes à raconter.
Patrick, Gerold, Ushi et les go
Le lendemain, ce fut un regroupement de 5 vélos « Patria » avec Patrick, parti de Munich le même jour que nous soit le 3 mars 2012, et Ushi et Gerald, deux cyclo allemands en voyage pour 1 an.







La famille de Chad
Nous arrivons en pleine préparation de nouvel an chinois dans la famille de Chad qui nous hébergera pour une nuit à Ta Mau. Ce jeune homme, dont la famille s’est privée pour lui permettre de poursuivre des études, rentre chez lui pour fêter l’entrée dans l’année du serpent en famille et souhaiterait trouver un job mieux payé et qui lui permette d’aider sa famille financièrement.
Sa maman nous concoctera un dîner cambodgien et au petit dejeuner, ce sera riz et poisson fumé !
Chad
Au fil de la route, une nuit parmi d'autres dans un vat










Nous quittons ce pays, épaté par ce peuple qui nous donne une belle leçon de force et surtout de joie de vivre à peine 30 ans après cette catastrophe humanitaire et des milliers de morts pendant les 3 années du régime, un pays qui a encore un long chemin à suivre pour se reconstruire.
sur la route vers la frontière du Laos

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