10 février 2013

Cambodge secret


Pour rejoindre le Mékong, la seule route directe est une nationale bien droite où se concentre le plus gros de la circulation rejoignant la capitale Phnom Penh. Mais à y regarder de plus près, un mince trait rouge sur notre carte un peu plus au nord et quasiment parallèle nous attire.
Ce n’est pas trop le moment de visiter Phnom Penh vu qu’il doit y avoir foule pour la crémation du roi du Cambodge. Donc, c’est décidé, nous mettons cap au nord puis à l’est pour atteindre le Mékong au bout de 6 jours de pistes de sable rouge à Stung Trong.

vers Kvav Market
Après Bang Méanea, où la visite du temple khmer est pris d’assaut par une multitude de petits chinois en balade en bus, le bitume laisse la place à une piste de sable rouge bien roulante à travers forêt clairsemée, champs, hameaux isolés jusqu’au petit village de Kvav market.


supermarché ambulant  à Bang Méanéa




partout dans les mares ou étangs ils attrapent  des petits crapauds qu'on mangera grillé

chouette, le glacier !


on débroussaille par le feu

Kvav Market


Là des guides cambodgiens encadrant un groupe de français marathoniens et vététistes nous informent de la difficulté des 36 km qui suivent : un chemin forestier, beaucoup de sable, peu de monde, quelques maisons isolées.
Une dure journée nous attend donc pour le lendemain mais en attendant passons la soirée à palabrer avec les sportifs français, que nous avons été étonnés de rencontrer dans ce coin perdu. Et eux de même pour nous.

c'est le début et ça roule encore à peu près
Le lendemain, les prédictions se vérifient et nous galérons effectivement pendant 36 km jusqu’au temple de Preah Kahn puis Ta Seng. C’est un chemin forestier où les motoculteurs, qui transportent les habitants, ont tout juste la place. Trous, bosses, chemin très abimé pendant la saison des pluies, mais surtout zones de gravillons/sable mou où nos vélos trop lourdement chargés s’enfoncent. Dominique s’en sort à peu près (ça se voit qu’il fait du vtt) mais moi je sue à grosses gouttes en poussant le vélo dans le sable. Je craque un peu et nous finirons le trajet assoiffé, avec des gourdes bien vides.

Pfff! j'ai chaud ! j'ai soif ! et on n'avance pas dans ce sable
 Ca cogne dur car beaucoup de grands arbres ont disparus. Partout nous voyons les traces de l’incendie de la veille (qui avait fait fuir les français), feux allumés par les locaux pour déforester et acquérir des parcelles de terre. Nous espérons juste que le feu ne va pas reprendre. Très peu de monde, deux bicoques en bambou perdues dans la forêt et dont les habitants nous regardent avec de grands yeux.

Très joli temple angkorien dans la forêt de Prea Kahn
Partis à 8h du matin, nous arrivons au temple angkorien de Preah Kahn, avec sa tour à visage, perdu dans la forêt, où il n’y a personne, à 15h de l’après-midi. Plus qu’une dizaine de km nous séparent du village de Ta Seng.
Preah Kahn .... et la galère est finie
Je finis le trajet avec le pneu arrière déchiré et celui de Dominique qui suit le même chemin, après 12226 km.
De là, nous abandonnons le projet initial de continuer encore vers l’Est car l’état de la piste est identique et nous bifurquons plein sud par une belle piste bien roulante toujours dans la forêt.
arrivée à Ta Seng

non, Dominique n'a pas changé de partenaire ni de moyen de locomotion !

après 12 226 km

spectateurs !


chouette ! des gaufres pour le petit dej ! une aubaine  ! ça nous change du riz !

Ici aussi nombre de paysans s’installent le long de la piste dans des cabanes minuscules, parfois sans murs et défrichent pour obtenir un droit de propriété de la part du gouvernement cambodgien qui distribue ainsi des terres. Nous la quittons plus loin pour continuer vers l’Est direction Sala Visai et les temples de Sambour Pré kuk où nous traversons à nouveau de nombreux villages de maisons en bois et bambou sur pilotis. La vie s’y déroule tranquillement à l’ombre des maisons, dans les hamacs, des « hello » ou « bybye » fusent de partout.  Mais c’est souvent, avec « what’s your name », les seuls mots d’anglais connus. 
hey ! attendez-moi, je veux voir les "barang"

maisons très sommaires hors des villages

un village sur notre route !

tout se transporte à scooter ! même les cochons !

temple préangkorien de Sambor pré kuk

en route pour une journée de classe


glace pilée sur différents ingrédients pour petit dej
Nos repas ne seront pas très variés et nous nous laissons souvent surprendre par la nourriture, qui est servie par les locaux.






Nous retrouvons les champs de riz qui ne seront replantés qu’au début de la saison des pluies.
A chaque croisement nous devons demander notre chemin et prononcer les noms des villages où nous voulons aller s’avère parfois fastidieux.  Mais nous arrivons finalement à destination.
De Sambour, nous continuons toujours par des pistes de sable rouge, qui colle à nos vêtements, cheveux (le gris de nos cheveux devient rouge), sur nos sacoches. Nous en prenons à pleine bouffée lorsqu’un véhicule nous double et devrions adopter le masque comme les locaux. Les arbres et maisons du bord de la piste sont recouvert d'une couche brunâtre/rougeâtre. Ici ce sont des champs de bananiers, manguiers et autres fruitiers qui prédominent.
A Santuk, nous retrouvons l’asphalte et la circulation et les klaxons de la route principale, que nous avions presque oubliés, et nous ne l’emprunterons que sur 10 km jusqu’à Kampong Thorn.

Ici, nous avons dormi en tente dans une pagode, là nous avons été hébergés par une famille super où nous avons aussi dû gouter à l’alcool de riz (un grand verre au petit déjeuner ne fait pas peur au grand-père) et où EAM se met en quatre pour nous préparer à manger, hébergement chez l’habitant où l’on étale une natte et un petit matelas recouvert d’une moustiquaire dans la pièce principale, ce qui laisse peu d’intimité.
Avec un peu de chance, la « douche » se fait dans un local fermé où une bassine d’eau permet de s’asperger à l’aide d’un bol. Dans d’autres cas, la jarre d’eau avec le bol se trouve à l’extérieur, au vu de tous, et j’utilise le paréo comme les femmes d’ici.

nuit dans un temple devant les sacs de riz ! on a eu droit le soir ainsi que le matin aux prières des moines pour le roi décédé! et dès 6h du matin ça bouge et on a droit à la musique diffusée par les haut-parleurs !

Set nous offre le petit dejeuner (riz et poisson séché/salé) et souhaite pratiquer son anglais. il rêve d'apprendre l'anglais et surtout de voyager à travers le monde !

il faut gouter à l'alcool de riz

famille de Eam et Vinasar qui nous ont hébergés
nuit sous la maison d'Eam, on y capte mieux le moindre souffle d'air la nuit !

Un itinéraire un peu hors du temps, à travers de petits villages, souvent surpris de nous voir ici, de belles rencontres comme ce jeune qui souhaiterait être professeur d’anglais mais n’a pas assez d’argent pour poursuivre ses études et obtenir le diplôme, ou tel autre qui nous souhaite la bienvenue dans son pays et nous présente sa famille et ses amis, et bien d’autres et où nous avons rempli nos sacoches de milliers de sourires et d’éclats de rires.
Souvent, les quelques discussions en anglais nous confirment les difficultés financières de ces familles.




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