20 juin 2012

Turquie : suite et fin


Du  12/6 au 20/6

A Trabzon, nous avons finalement obtenu, sans problème et sans négociation, 30 jours de visa pour l’Iran alors que nous avions appris qu’ils ne délivraient plus que 15 jours. Sommes nous chanceux ?

Nous sommes arrivés depuis 3 jours à Dogubayarzit, à 40 km de la frontière iranienne. Près de 700 km nous séparent de Trabzon, avec plusieurs cols à plus de 2000 m d’altitude. Eh non, nous n’avons pas tout parcouru à vélo. Nous nous sommes résignés et mis, avec un pincement au cœur, nos vélos dans la soute d’un bus (toute une histoire : d’abord le transport des vélos était impossible, et en se fâchant un peu, d’un seul coup tout était possible ; et sans payer de supplément en plus !!!) pour parcourir les premiers 300 km jusqu’à ERZURUM. Le temps presse un peu (avons un peu trop trainé en Turquie) par rapport à la saison et devons un peu gagner de temps (eh oui,  même avec 18 mois, on court après le temps !).

Le paysage change très rapidement au fur et à mesure que nous montons et perdons vite la végétation luxuriante de la côte.


Erzurum, grande ville du plateau anatolien, à 1950  m d’altitude, où le ski se pratique sur les montagnes environnantes, s’étale sur la steppe, immense.

Ici nous retrouvons les grands espaces que nous aimons. Les arbres sont rares et seulement plantés aux abords des villages bien moins nombreux et plus espacés qu’à la côte.

L’envie nous démange de découvrir cette région à vélo et nous parcourons en 5 jours les 300 km jusqu’à Dogubayarzit à travers la steppe, des gorges profondes, une vallée de roches rouges, à travers un paysage de montagnes où courent les bergers et les troupeaux de vaches et de moutons.

Nous nous régalons et apprécions l’immensité de cette région.



Lors de notre arrivée à Erzurum, l’ambiance est différente, les visages et les regards plus sombres, moins souriants. Que se passe-t-il ? où sommes-nous ?

Mais en reprenant la route, les sourires et les hello nous accompagnent à nouveau ainsi que les nombreuses invitations à boire le çay dès que nous nous arrêtons.

Nous traversons des villages, aux maisons bien plus spartiates, où on nous offre le lait caillé (yoghurt) fait maison.

Les foulards sont différents aussi.

Nous sommes en territoire kurde, identité que toutes les personnes rencontrées revendiquent et nous précisent.


Un soir, alors que nous n’arrivons pas à trouver d’endroit pour plan ter la tente (gorges profondes), nous arrivons presque à la nuit dans un village. Nous plantons la tente à côté d’une ferme que nous devrons vite délaisser ; ayant eu une invitation à passer la nuit dans la maison.

Melten, Nese et Jasmin, les 3 jeunes filles s’occupent de nous et nous posent mille questions pendant que nous faisons honneur au plat de fromage, légumes et olives qu’elles nous proposent, alors que le père et la maman écoutent de la musique kurde à la télé.

ce n'est pas Jeanne d'Arc, mais Atatürk sur son cheval, et nos deux nouveaux "arkadach" Mehmet et Mustafa
nos 3 sirènes, Meltem, Jasmin et Nese

Ici plus de table, nous sommes assis sur des coussins et la nappe est posée à même le tapis.

Pas d’eau courante dans la maison et les toilettes sont à l’extérieur.

On nous installe sur des matelas dans la grande pièce de la maison où nous passerons une bonne nuit alors que toutes nos affaires seront restées dans la tente avec les vélos. Mais pas de soucis, ils ne risquent rien.

 Une après-midi, alors que l’orage gronde, nous rencontrons Mehmet et Mustafa dans une station essence, qui nous offrent plusieurs çay et nous proposent de nous héberger dans leur appartement à 4 km de là. Nous nous retrouvons dans une petite rue, un appartement au 4e étage, avec les vélos rangés dans une des boutiques qui bordent la rue (on ne sait pas trop dans laquelle !!!!) en train de boire le çay. En visitant la petite ville en compagnie de nos deux hôtes qui nous présentent leurs connaissances, nous ne comptons plus les çay que nous buvons ! Mustafa fera preuve de ses talents de cuisinier et nous mijotera un délicieux plat. La soirée sera animée et plusieurs amis défilent.

Le lendemain, pourtant, nous sommes prêts à partir, tôt, mais nous serons des cyclistes sans vélos, ces derniers ayant changé de boutique pendant la soirée, et le boutiquier étant encore au petit déjeuner chez lui. Dans la rue, on attend assis à l'ombre, la rue s'anime peu à peu, les rideaux de fer s'ouvrent au fur et à mesure, tout doucement, ça téléphone et finalement Mustafa et Ramazan prennent la voiture pour chercher le propriétaire du market où les vélos ont passé la nuit…. et nous retrouverons nos vélos, sain et sauf ! avions nous un doute ?
Ici, problem yok (pas de problème !).
un grand merci à eux.

 Une autre soirée, nous serons abrités de l’orage en plantant la tente sur la terrasse abritée d’une maison inhabitée et avec un petit déjeuner offert par la propriétaire des lieux.

 sans compter les rencontres brèves, échanges de quelques mots... un çay !!!

Bref, 5 jours intenses avec beaucoup de belles rencontres et de discussions, en anglais, allemand, parfois avec notre dico turc – français.


Dogubayarzit, ville 100% kurde, au pied du Mont Ararat (env 5100 m), s’étale à plus de 1600 m dans une plaine immense, entourée de superbes montagnes. Le site est superbe.
devant le Mont Ararat, dont le sommet est coiffé par les nuages

Nous y rencontrons Félix et Kathy, voyageurs en fourgon mercedes, qui se dirigent aussi vers le Népal et passons 3 jours en leur compagnie.

Nous pensons nous reposer une journée au camping au pied du palais d’Isaac Pasaa du 17e siècle (construit par un grand chef kurde), mais nous serons presque « pris en otage » par des familles venues faire pique-nique et chercher la fraicheur des grands peupliers. On se dispute presque l’honneur de nous apporter à manger et nous n’en pouvons plus de boire des çay.
palais d'Isaac Pasaa du 17e s

1ère cour du palais

Yamour  (qui veut dire "pluie") est adorable et vient visiter le palais avec nous. Elle est très intéressée et nous pose mille  questions et nous présente toute sa famille.
Yamour et sa petite soeur, en pleine discussion !


Bref, encore une après-midi intense et riche en rencontres.


C’est la fin de la Turquie, qui nous a vraiment comblé par ses paysages et surtout par son accueil.

Nous savons que nous allons y revenir , surtout avec toutes les promesses que nous avons faites aux personnes rencontrées.

Que nous réservera le prochain pays ? Nous entrons en Iran avec une petite angoisse et une certaine excitation !!! suite au prochain numéro.



dans la descente vers Dogubayarzit

11 juin 2012

MER NOIRE, suite et fin

Du 03/06 au 08/06/2012 :

SINOP - TRABZON

déjà la sieste !
Après un départ plein d'entrain vers de nouvelles aventures le 3 au matin sous un chaud soleil, n'arrivons pas à trouver nos marques et le plaisir de la route. Que se passe-t-il donc ? aurions nous perdu nos repères pendant ces 3 jours ?
La fatigue se fait sentir très vite pendant les montées.  Aurions-nous dû attendre encore un jour?



L'ancienne route cotière est maintenant presque entièrement remplacée par une belle 4 voies, dont une partie seulement est encore en travaux. Des tunnels sont encore en construction pour traverser les montagnes plus confortablement et surtout pour accéder à l'Est, vers Trabzon, plus rapidement.
La route suit un relief encore un peu accidenté avant la grande ville de Samsun, avant de s'élancer sur plus de 300 km le long de la mer, et éviter ainsi les montagnes toujours présentes, traversant villes et villages, et laissant tout juste la place aux pêcheurs, parfois, de s'adonner à leur passe-temps favori.
dernièr col sur cette route
travaux de la 4 voies en contrebas, impressionnant

 Mais elle enlève à cet itinéraire le charme de la petite route sinueuse, et n'offre plus le même panorama.

Le trafic et le bruit incessant auront raison de notre endurance et, vu que le vélo doit quand même rester un plaisir, nous ferons un bond de 150 km environ avec Esmet à bord de son 38 tonnes, tout rouge.
Plus que deux jours à vélo pour atteindre Trabzon.
camion-stop
invitation à déjeuner


Champs de blé, orge, riz, tabac bordent la route avant de retrouver les pentes des montagnes recouvertes de noisetiers. Giresun, petite ville cotière, à mi-chemin, en est la capitale et produit les meilleures noisettes du pays.
champs de riz
parmi les noisetiers

Nous planterons la tente un soir dans la plantation d'Osman, sur la plateforme de séchage, et aurons en prime un petit cours sur le travail et la récolte de ce fruit.
Osman, passionné, nous explique la culture des noisetiers








En train de surveiller de près les kilomètres qui défilent sur son compteur, Dominique crève 3 km avant la barre des 5000, alors que la pluie commence à tomber. Une première voiture s'arrête en trombe et un monsieur nous fait comprendre que nous pouvons prendre la voie d'entrée sur l'autoroute (à contresens pour nous) pour nous mettre à l'abri sous le pont. A peine parti, quelle surprise de voir une camionnette immatriculée 74 s'arrêter. Josette avec son beau sourire et Bernard, à eux deux plus de 130 ans, sont en route depuis la France pour 5 mois jusqu'à l'Est de la Turquie où ils laisseront leur petit camping-car, pour continuer et traverser la Georgie, A VELO ! et au passage escalader quelques sommets dont le mythique Mont ARARAT à plus de 5000 m d'altitude. Leurs métiers respectifs, moniteur de ski et guide de haute-montagne ont dû les maintenir en forme. Nous palabrons longtemps autour d'un bol de thé sous notre pont.
La pluie a depuis longtemps cessée lorsqu'ils nous quittent ;  nous garderons le souvenir d'une très belle rencontre.
Il ne nous reste plus qu'à réparer notre pneu dont un gros morceau de verre a eu raison (beaucoup de verre au bord des routes !) et trouver un emplacement pour la tente assez rapidement avant la tombée de la nuit toute proche. Le boulanger du village suivant nous indiquera un emplacement en bord de mer.

josette et Bernard

en pleine réparation

Nous atteignons finalement Trabzon vendredi en fin de journée.
Mais nous trouverons porte close au Consulat d'Iran samedi matin qui n'ouvrira ses portes que lundi matin.
Cela tombe bien vu qu'un repos sera nécessaire pour nos articulations vieillissantes qui se manifestent. C'est au tour de Dominique d'avoir des soucis de cheville, qui n'a pas résistée aux appuis intensifs sur la pédale de vélo.
5000 km finalement atteints une fois le pneu réparé!
sur un côté de la 4 voies en travaux, nous avons les deux voies pour nous tous seuls !
sport en bord de mer

route entre Sinop et Samsun


cherchez l'erreur !!!!




















2 juin 2012

mini vacances dans le voyage

du 31/5 au 2/06 : SINOP

Eh oui, des mini vacances dans le voyage à Sinop et en bord de mer.... et surtout du repos bien nécessaire après ces jours très éprouvants.
C'est en se reposant que l'on se rend compte à quel point ce fut nécessaire !
De plus quelques soucis de tendinite inflammatoire (probablement) m'ont un peu fait souffrir.
Mais cela a l'air de s'arranger et nous sommes prêts à continuer toujours plus vers l'Est demain le 3/6.

Sinop, où nous sommes arrivés trempés suite à un orage, ce fut aussi une belle opportunité de se reposer grâce à Muriel qui a fait jouer son réseau de connaissances. Via le Canada (Montréal), Özgür et Üfük nous ont  mis en relation avec Ügur, prof d'anglais, qui nous a présenté ses oncle et tante (parents d'Üfük), qui eux nous ont mis un appartement avec terrasse et vue sur mer à 10 mn du centre de la ville, à disposition. C'était l'endroit idéal pour se remettre en forme pour la suite du voyage. Et quelques bons moments passés avec eux.
Comme quoi, le monde est bien "petit" !
UN GRAND GRAND MERCI A TOUS (GREAT THANKS TO THEM).

Sinop, c'est une petite cité cosmopolite, entourée de remparts datant de 72 av JC construit par le roi pontique Mithridate, de 3 m d'épaisseur et de plus de 2 km de long flanquées de plusieurs tours et de 7 portes qui y donnaient accès et qui protégeait la cité des attaques de la mer. La ville est construite sur une presqu'ile et possède des plages aussi bien côté nord que sud. Beaucoup de bateaux de pêche dans le port le long duquel les terrasses des cafés sont animées (beaucoup y jouent à des jeux de société) et le soir la promenade le long de la mer est noire de monde. Le philosophe grec  Diogène y a vécu en 413 av JC et on peut y  admirer sa statue.

prochaine étape : Trabzon où nous espérons obtenir le visa pour l'Iran !


après la douche, ça fait du bien ! et vue sur mer

petit déjeuner avec nos hôtes, Asiye et Davut et leur famille

remparts de Sinop

remparts

sans paroles ! 

1 juin 2012

Yoyo, çay et Hochgeldiniz !

partout des fontaines, l'eau n'est pas un problème !

et on plonge vers la mer

la mer noire
Amasra
du 23 au 30 mai 2012

D’Amasra à Sinop soit un peu plus de 300 km, la route cotière le long de la mer noire, bénéficiant d’un climat assez humide, nous offre des échappées spectaculaires  mais à vélo, ces points de vue se méritent et il faut garder le moral. Pendant ces 300 km nous ne faisons que du yoyo. Les montagnes recouvertes d’une végétation luxuriante (fougères, hêtres, chênes) se jettent directement dans la mer et la route suit tous les contours, et grimpe à l’assaut des sommets avant de plonger de l’autre côté vers la mer ou vers un petit village.  A peine en bas, très souvent, nous avons tout juste le temps de changer les vitesses et c’est reparti en montée. Et ici ils ne connaissent pas les lacets, les routes sont souvent tracées au plus direct, on peut imaginer les pourcentages…

On y a vraiment souffert, et moi (Martine) j’ai parfois dû monter à pied en poussant le vélo !!

D’une vallée à l’autre, d’un village à l’autre, les merhaba (bonjour), hochgeldiniz (bienvenue) et invitations à boire le çay nous accompagnent. Partout un accueil sympathique. Parfois deux terrasses de café se font face dans les tout petits villages et sont vraiment un lieu de vie, essentiellement pour la gente masculine qui sirote tranquillement un çay.

Amasra, qui bénéficie d’un site superbe, offre aussi au visiteur les restes de remparts datant de l’époque byzantine et a vu passer aussi bien les génois que les ottomans.  Avant Amasra, nous aurons la chance d’apercevoir des dauphins s’ébattre autour des barques de pêcheurs.

D’autres cités bien sympathiques et vivantes ponctuent le parcours et partout un accueil des plus sympathiques. 

L’appel à la prière rythme nos journées et souvent nous réveille à 4-5 h du matin lorsque nous campons près d’un village.

sans paroles !

Tout le monde connaît le penchant de Dominique pour le pain…. Eh bien ici il se régale , il est délicieux, et il repère systématiquement les « ekmegi » dans les localités. (il fait des progrès en langue turque) !






Nos bivouacs en bord de mer nous offrent parfois de superbes couchers du soleil.










Cemal et sa maman
Mais un matin nous nous réveillons sous le mauvais temps. Nous sommes en train de plier la tente lorsque Cemal nous invite à boire un çay chez lui. Mais nous partirons pour 4 km dans la montagne et nous retrouvons dans un village bien tranquille, loin de la route principale. Il nous offre de quoi nous reposer, prendre une douche, un petit déjeuner copieux et voudrait bien que nous restions plus longtemps. Mais la route nous appelle. Il nous fait promettre de revenir un jour, après notre grand périple, ce que nous ferons avec plaisir.
Son frère, Directeur d’une compagnie maritime, nous laisse son numéro de téléphone et nous confirme que nous pouvons le contacter 24/24h en cas de problème.

Partout le çay nous est offert.

curieuses et tellement sympathiques, elles ont cherché un dico
anglais pour nous poser plein de questions
Chez ISMET, à GIDEROS, on peut camper à côté de sa petite terrasse où il fait griller des poissons en saison et nous serons « goûteurs de çay » chez lui !

Les jeunes comme les lycéens, à la sortie de l’école, sont heureux de tester leurs connaissances en anglais. Les hello fusent. Ces derniers seront en vacances d’ici une dizaine de jours et bénéficient de presque 3 mois de congés d’été. La saison touristique commencera seulement à ce moment là le long de la mer noire.

On sait maintenant où sont passées nos Renault 9 et 12....

Amasra


Amasra

remparts d'Amasra